Les recettes techniques de Marie Isabelle 

La galerie en ligne France Suisse Les Koronin (Die Koronen) vous publie une recette de technique des matériaux liée au métier d’artiste peintre . Notre plasticienne Marie Isabelle nous explique comment une peinture d’Art commence d’abord par la fabrication, le montage de la toile sur le châssis de bois.

Par Marie Isabelle :
Comme je vous l’ai dit, j’ai à cœur de faire un travail le plus artisanal possible.
C’est grâce à mon maître en école préparatoire que j’ai appris à choisir mon rouleau de toile au mètre, entoiler un châssis et préparer mes supports avec de l’apprêt naturel.

 

LE CHOIX DE LA TOILE :

C’est au marché Saint Pierre au pied du Sacré-Cœur de Paris que mon maître m’emmenait choisir ma toile. En clair, il n’y a pas vraiment de « bonne » ou « mauvaise » toile. Juste quelques critères fondamentaux à respecter :

  • Une toile pas trop fine (pour éviter qu’elle craque lorsqu’on va la tendre)
  • Pas trop rugueuse ou trop travaillée à la couture (sinon la peinture s’étale mal)
  • Qui ne sent pas l’humidité

Pour ma part, que ce soit du lin ou du coton, j’apprécie particulièrement les toiles qui ont un peu de matière rugueuse, légèrement épaisses, beiges avec des petits points noirs. Le truc, c’est de comparer avec d’autres rouleaux en les touchant et en les massant ! Le coup de cœur vient naturellement, un peu comme quand on teste un vin.
Mon maître nous invitait à les sentir à l’époque, mais ça, c’était avant le Covid…et je vous avoue qu’avec le masque c’est un peu plus compliqué de sentir. Lorsque c’était encore possible, les toiles en lin de bonne manufacture dégageaient un léger parfum ambré rappelant les champs en été ! C’est bon signe !  Quant aux prix, je prends la gamme intermédiaire, je ne roule pas sur l’or non plus, et par chance, les toiles qui me plaisent sont justement dans mes prix !

Dans la vidéo, j’ai également craqué pour de la toile teintée de noir. Ce sera un crash-test pour un futur projet personnel.  Je n’ai encore jamais essayé de peindre sur de la toile colorée et encore moins sur du noir. Je suis curieuse, et j’ai hâte d’essayer !

 

L’APPRÊT :

Systématiquement pour mes commandes, j’utilise de l’apprêt chimique type liant CAPAROL. D’abord pour des questions pratiques :

– il suffit d’étaler 2 couches au spalter (après avoir humidifié la toile à l’eau tiède et laissé sécher) pour l’après et pour le vernis final.

– L’odeur n’est pas désagréable.

– Le liant sèche rapidement et laisse un rendu lisse et homogène.

Mais aussi car aujourd’hui, certains clients n’apprécient pas forcément de savoir que leur toile a été préparée avec de la colle de peau animale ou de la colle de poisson.
Pour autant pour mes projets personnels, je trouve l’apprêt naturel amusant à tester car comme toute recette de cuisine, sa préparation est technique, c’est satisfaisant de faire les choses soi-même et surtout de les réussir !
Pour la préparation de l’apprêt naturel, je vais préférer la colle de peau. Elle a l’avantage de sentir moins fort que la colle d’os et d’être moins chère au kg.

LA RECETTE D’APPRÊT NATUREL :

J’humidifie mon support entoilé avec un torchon imbibé d’eau tiède et je laisse sécher.

J’ouvre les fenêtres ! ça va sentir la ferme dans tout l’appartement !
Je fais chauffer 50cL d’eau dans une casserole qui ne servira qu’exclusivement pour cet usage (oui, l’odeur peut s’accrocher !) sans la faire bouillir.

J’ajoute environ 150g de perles de colle de peau et je remue constamment jusqu’à ce que la colle se dissout totalement dans l’eau. La texture doit être liquide comme de l’eau.
J’attend que le mélange tiédisse avant d’appliquer sur mon support. 2 à 3 couches devraient suffire.
Je laisse sécher dans une pièce pas trop humide et éloigné des radiateurs. Le séchage peut durer toute une nuit.

Lorsque la toile est sèche, il peut y avoir des mauvaises surprises comme :

  • La toile est gondolée et détendue
  • Présence de traces blanches comme de la sueur
  • Des aspérités

Avant de bazarder la toile, il est encore possible de rattraper le coup en mouillant bien la toile avec de l’eau tiède pour la retendre (passer un jet d’eau de la douche dessus) puis de repasser une couche de colle de peau sur les traces et aspérités. Ces traces sont le signe qu’il manque de l’apprêt.

Voilà j’espère que mes petits conseils vous auront plus ! N’hésitez pas aller voir mon travail sur mon instagram,  et mon site internet !

Marie Isabelle.

3 Commentaires

  1. Gluck

    Je regarde à nouveau votre article et m’aperçois que vous avez une vidéo montrant comment entoiler.
    Avec mes plus plates excuses pour n’avoir pas regardé plus attentivement, mais tout de même mes félicitations pour vos prestations .
    Gluck

    Réponse
  2. Gluck

    Bonjour,
    Très très bonne présentation des possibilités pour réaliser un entoilage personnel.

    Par contre : Pourquoi choisir de fabriquer sa propre toile plutôt que d’acheter une toile toute prête ?
    Qu’en est-il de la réalisation du châssis ? Chose importante étant donné qu’il sera partie intégrante pour tendre la toile et peut-être du fini.

    Merci pour tous ces renseignements.

    Bonne continuation et à bientôt vous lire.
    J’aime beaucoup votre manière de raconter vos expériences pré-artistiques.

    Réponse
    • Philippe Morin

      Bonjour Gluck.

      Auguste Renoir disait : « Aujourd’hui, nous avons tous du génie, c’est entendu ; mais ce qui est sûr, c’est que nous ne savons plus dessiner une main et que nous ignorons tout de notre métier. En réalité, nous ne savons plus rien, nous ne sommes plus sûrs de rien. Lorsqu’on regarde les oeuvres des anciens, on n’a vraiment pas à faire les malins.»
      Ceci, selon Artémis Irenäus & moi, cette critique peut s’appliquer à la perte des savoirs-faires techniques du métier d’artiste peintre. Fragonard, Nolde, Picasso, mais aussi Loewensberg ou Valloton, Delacroix ou Botticelli n’allaient pas dans les magasins de fournitures d’Art afin d’acheter leur matériel. Ils le fabriquaient, depuis le choix du bois pour le châssis jusqu’à celui du tissu à utilisé pour peindre, lequel fait déjà partie du travail de peindre car le tissage, le tramage mais aussi l’épaisseur – lin ou coton, jute etc – vont influencer le résultat plastique.
      La création de l’oeuvre commence à cet instant. C’est l’acte de maîtriser notre métier.

      Cordialement, vous remerciant pour votre commentaire,
      Philippe

      Réponse

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